Louis Viguier apparaît comme photographe au sein du service cinématographique de l’armée (SCA) entre novembre 1944 et mai 1945.
A Cernay, dans la poche de Colmar, en février 1945, les troupes de la 4e division marocaine de montagne (DMM) traversent la ville qu’elles viennent de libérer. Viguier y saisit différentes expressions sur les visages d’une famille : une petite fille, intriguée, une femme — sa mère peut-être — arborant un sourire plein d’espoir. Mais c’est surtout l’air sévère de la grand-mère et de l’homme, fixant les libérateurs et insensibles à la présence du photographe, qui retient l’attention : figures, fatiguées par cinq années de guerre, de personnes qui se demandent sans doute de quoi demain sera fait.
Viguier réalise plusieurs reportages sur la libération de l’Alsace. L’un d’entre eux, effectué à Mulhouse, attire le regard : les hommes d’un peloton spécial prennent d’assaut un immeuble où se sont retranchés des Allemands. Ceux-ci finissent par se rendre et Viguier photographie un homme au sol, tétanisé :
« Arrêté, ce SS, habillé en civil, implore nos soldats de ne pas le tuer », écrit-il dans ses légendes.
Mi-avril 1945, des éléments de la 9e division d’infanterie coloniale (DlC) traversent la ville de Kehl. Louis Viguier prend une image détonante et burlesque des passagers d’une jeep, qu’on devine amusés, croisant un mannequin à l’effigie d’Hitler, les bras en l’air, dans une attitude de reddition.
Viguier partage le quotidien des combattants et parfois, manifestement, les risques auxquels ils s’exposent. De retour en France, il effectue encore quelques reportages sur la reconstruction du pays avant que sa trace ne soit perdue.
Crédits photos : © ECPAD / Louis Viguier
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