De 1946 à 1954, en Indochine, la France, appuyée par les États-Unis, combat les Forces indépendantistes du Viêt-minh soutenues, dès 1949, par la République populaire de Chine. Ainsi, pour des dizaines de milliers de soldats Français, la fin de la Deuxième Guerre mondiale ne marque pas l’arrêt des hostilités.
Paul Corcuff est de ceux-la. Engagé en juin 1944, il part en Indochine comme reporter photographe en juin 1949 et suit au plus près les opérations militaires, notamment en octobre 1952 auprès du 6e bataillon de parachutistes coloniaux (BPC) du commandant Bigeard. Parachuté avec les soldats, il les accompagne pendant leur repli vers la Rivière noire, partageant leurs conditions de vie et leur épuisement. Réalisées de l’intérieur, montrant les préparatifs au combat ou la dureté de la retraite, ses photographies sont marquées du sceau de l’expérience vécue. Cela fait-il de Paul Corcuff un reporter à proprement parler, traduisant par la photographie une histoire ou un message original ?
Mandaté par le Service Presse Information (SPI) en Indochine, il ne maîtrise pas le devenir de ses images, soumises aux impératifs du contrôle de l’information avant leur diffusion dans la presse internationale. Les photographies qu’il réalise traduisent une réalité du terrain mais le choix qui en est fait doit s’intégrer dans une stratégie de communication plus vaste de la France. La présentation des opérations militaires en Indochine répond en effet à des objectifs de communication propres au gouvernement français, dans un contexte international tendu.
Cité à l’ordre de l’armée pour son reportage sur Tu Lé, « aussi précieux au Haut Commandement qu’à l’information internationale », Paul Corcuff fut un véritable soldat de l’image.
Crédits photos : © ECPAD / Paul Corcuff
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