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18 - 08 - 2017

Animaux & guerres, épisode 4 : Animal-nourriture

Planche 113 du manuscrit Troupes du Roi, Infanterie française et étrangère, année 1757, tome I. © Paris, musée de l’Armée / image musée de l’Armée

États-Unis d’Amérique – Missouri National Guard. Lithographie de Jules Renard dit Draner (1833-1926), de la série Types militaires de 1863.

Les scènes ci-dessus montrent deux types de ravitaillement d’une armée en campagne. Dans le meilleur des cas cette nourriture est achetée, comme sur la lithographie de Draner où le soldat, coiffé d’un bonnet à poil, vient d’acheter au marché un canard col-vert, un poisson, des carottes, du pain et de l’alcool. Dans le pire des cas la nourriture est volée.

Grand diner parisien. Lors du siège de Paris (1870-1871). Les troupes allemandes organisent un blocus de la capitale alors que l’hiver de 1870 est particulièrement rude et que la nourriture manque cruellement. Les Parisiens mangent alors de la viande de cheval. Lorsque cette dernière devient rare, on se tourne vers les chiens, les chats et les rats. Les bouchers qui fournissent les restaurants de luxe, obtiennent même la viande des animaux de la ménagerie du Jardin des Plantes. Les grands herbivores sont les premiers abattus : les antilopes, les chameaux, les yaks et les zèbres. Victor Hugo de retour d’exil écrit « Nous avons mangé du cerf ; avant-hier de l’ours ; les deux jours précédents de l’antilope. Ce sont des cadeaux du Jardin des Plantes. » En décembre 1870 ce sont les éléphants d’Asie, Castor et Pollux qui sont au menu. En revanche les singes sont jugés trop proches des humains pour être mangés, les lions et les tigres sont trop dangereux, et les hippopotames sont trop chers (80 000 francs). © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Pascal Segrette

Animal-nourriture

À table !

L’animal source de nourriture est omniprésent. Dans un contexte guerrier la nourriture est d’autant plus importante qu’elle influe largement sur le moral du combattant. En outre, si elle est suffisante, goûteuse et variée, elle lui donne l’énergie nécessaire à la vie en campagne et au combat. La viande est particulièrement appréciée par la plupart des combattants qu’elle assimile par ailleurs à des prédateurs carnivores.

Nourrir les soldats…

Une bonne logistique pour nourrir hommes et animaux pendant une campagne est capitale et des stratèges, comme Jules Cécar, soulignent son importance dans les traités de guerre dès l’Antiquité. Cette logistique dépend en grande partie des moyens de conservation des denrées alimentaires propre à chaque époque.  Ainsi on emmène une partie de la nourriture, mais il faut aussi s’approvisionner tout au long de la campagne. Pendant longtemps, l’animal-nourriture est emporté vivant. Les vaches, chèvres, brebis, chamelles fournissent du lait et éventuellement des petits avant d’être consommées, cependant que les poules et les canes produisent des œufs. Ce cortège ralentit considérablement les déplacements des troupes qu’il rend en outre plus visible. Il impose également des efforts pour nourrir et soigner les animaux.

…et faire des sacrifices

Les animaux au service des troupes peuvent aussi servir de nourriture dans des circonstances extrêmes ou lorsqu’ils ne sont plus à même de remplir leur office. C’est le cas pendant la guerre d’Indochine (1946-1954) : alors que les troupes françaises sont en difficulté, l’ordre exceptionnel est donné d’abattre et de consommer un millier « d’auxiliaires », mulets et poneys, acheminés par avion, plutôt que de les laisser à l’adversaire.

Route de Moscou à Smolensk vers 1812 (détail). Lors de la retraite de Russie, l’armée napoléonienne et les civils qui accompagnent la troupe manquent cruellement  de nourriture. Le type de scène ci-dessus, où un cheval est dépecé et mangé cru est évoqué par de nombreux auteurs comme Victor Hugo. © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Pascal Segrette

Campagne de Russie en 1812, estampe réalisée par Christian Wilhelm von Faber du Faur (1780-1857). Transport par cavalier d’un mouton et d’un canard ou d’une volaille, code de représentation correspondant à une réalité. © Paris, musée de l’Armée

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