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23 - 08 - 2017

Animaux & guerres, épisode 5 : Le cheval

Bas-relief colorié, sculpté dans la galerie sud du péristyle du palais Medynet à Thèbes publié, dans la Description de l’Égypte ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition de l’armée française, éditeur Panckoucke, 2e édition, 1824, volume 2, planche 12, dessiné par H.-J. Redouté et gravé par Phélippeaux. Deux chevaux portant des plumes d’autruche sur la tête tirent le char du pharaon sur lequel est représenté un lion bondissant. Le pharaon porte sur l’avant de sa coiffe le cobra divin, l’aureus. © Paris, musée de l’Armée

Armure équestre du XVIe siècle présentée à l’entrée du département des armes et armures anciennes du musée de l’Armée. © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Émilie Cambier

La dernière charge du général Lasalle, tué à Wagram le 6 juillet 1809 peint par Jean-Baptiste-Édouard Detaille (1848-1912) en 1912. Napoléon 1er a très bien su utiliser sa cavalerie à la fois pour protéger ses régiments à pieds, où combattent les fantassins, mais aussi pour charger, pratique qui était tombée en désuétude à cette époque. Ce tableau témoigne des différents types de cavaliers présents dans la Grande Armée. La cavalerie lourde réunie dans des unités dites de choc est constituée de cuirassiers. Elle est menée par le général La Salle qui porte un uniforme de hussards, corps de cavalerie légère menant des raids et des embuscades, connu pour son audace voire son inconscience pendant les combats. © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / image musée de l’Armée

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Combat de cavaliers gravé vers 1667-1670 par Jan Van Huchtenburg (1647-1733) d’après un dessin d’Adam Frans Van der Meulen (1632-1690) © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Pascal Segrette

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Chariots à bagage d’infanterie de ligne française. Estampes chez Desombrages, Quai Pelletier, n°28, à Lyon, vers 1795. © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / image musée de l’Armée

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Éclatement d’un obus sur la batterie de Nanteuil-le-Haudoin, 9 septembre 1914 photographié par Louis Danton (1889-1960). © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Émilie Cambier

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Un malheureux abandonné, photographié par Émile Camille Albert Le Play (1875-1964), entre novembre et décembre 1916 © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Pascal Segrette

Le cheval

Omniprésent

Le cheval a longtemps été l’animal guerrier par excellence. Pendant des siècles, aucune tactique militaire n’a été pensée sans lui et la cavalerie a longtemps été un élément déterminant pour l’issue des batailles. Malgré l’avènement de la mécanisation – dont la puissance du moteur est exprimée en cheval vapeur – au XXe siècle, le cheval est présent lors des combats jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci est même le conflit a cours duquel le plus grand nombre de chevaux ont été employés.

La charge

Le cheval donne à une armée la capacité de fondre sur l’adversaire et de briser les lignes ennemies. Durant l’Antiquité, les charges s’effectuent d’abord avec des chevaux attelés. Les chars de combats sont très efficaces mais leur maniabilité réduite ne leur permet pas de suivre tous les mouvements des adversaires. Ils sont donc progressivement remplacés par des chevaux montés.

Une noble monture

Dans l’Antiquité romaine, la cavalerie forme une aristocratie militaire qui possède également un pouvoir politique. Héritière de cette tradition, la société médiévale est divisée en trois ordres dont celui des nobles chargés de faire la guerre, qui repose sur les chevaliers. Ces derniers s’entraînent à charger, lance en main, lors des tournois et mettent en œuvre ce type de combat sur les champs de bataille. Les chevaux antiques légers et rapides laissent la place à des chevaux lourds et puissants capables de supporter le poids d’un cavalier en armure.

Cette tactique ne manque pas de noblesse mais se révèle peu efficace face aux premières arquebuses et à l’émergence de l’infanterie. La guerre de Cent Ans témoigne de la désuétude des chevaliers français face à l’armée anglaise, moins flamboyante mais bien plus efficace et organisée. La cavalerie légère prend progressivement de l’importance car elle peut à la fois mener des missions de reconnaissance et poursuivre l’ennemi en déroute.

Aux XVIIIe et XIXe siècles, l’avènement de l’artillerie met encore à mal la suprématie de la cavalerie. Cependant, celle-ci, combinée aux autres armes, résiste malgré tout et reste un atout militaire jusqu’au début du XXe siècle.

Cheval de bât

Le cheval n’est pas seulement un fougueux destrier lancé dans la bataille. Il est avant tout une bête de somme, modeste mais essentielle qui, grâce à sa force de traction, transporte les vivres, l’équipement et le matériel nécessaire au soldat pendant les campagnes militaires.

Lourdes charges

Un cheval attelé peut, en marchant au pas, traîner une charge de 700 kg durant 10 heures par jour. Un homme même très fort, ne peut égaler ni même approcher cette performance ; le cheval est donc un élément incontournable de la logistique militaire. Même s’il est utilisé bien avant le Premier Empire, c’est Napoléon qui le premier fonde en 1807 un régiment spécifiquement dévolu au transport des marchandises, appelé train des équipages militaires.

Cheval d’artillerie

Si l’artillerie rend progressivement obsolète l’emploi de chevaux de combat elle rend paradoxalement la présence de ces animaux encore plus nécessaire sur le champ de bataille puisque les énormes fûts de canons et les lourds projectiles ne peuvent être transportés que grâce aux trains d’artillerie hippomobiles. Même l’avènement de la mécanisation pendant la Première Guerre mondiale ne diminue pas le nombre de chevaux des armées car seuls ces derniers parviennent à avancer à travers les chemins envahis par la boue et parsemés de trous d’obus.

Dressage et soins

Le cheval est fragile et nécessite des soins spécifiques comme le ferrage des sabots. Les gestes du maréchal ferrant sont les mêmes pour les chevaux civils ou militaires mais l’armée a du concevoir des outils spécifiques, comme les forges de campagne pour améliorer l’état et la vitesse des trains d’équipages. Le ferrage n’est pas à prendre à la légère car il peut influer sur la réussite d’une campagne comme lors de la retraite de Russie où l’absence de ferrures spécifiques entraine l’une des plus grandes hécatombes équines de l’histoire. Les maladies et les blessures de guerre nécessitent l’intervention des vétérinaires militaires, corps qui est fondé en 1762 en parallèle de la fondation de l’école royale vétérinaire de Lyon qui est la première école vétérinaire du monde.

Toujours en service

Cette faculté à progresser dans des conditions difficiles est encore mise à profit aujourd’hui. Les chevaux dits de trait ne tirent plus de charriots mais il existe encore des chevaux de bât, notamment dans les armées autrichiennes et suisses, pour les missions en montagne. Ces animaux ont également été utilisés en Afghanistan pour convoyer du matériel là où le terrain accidenté et le manque d’oxygène rendaient impossible l’emploi de véhicules tout-terrain ou d’hélicoptères.

Pour en savoir plus : Dictionnaire militaire, tome I, p. 186-187, article « attelage ». Revue historique des armées, n°249, 2007, « Le cheval dans l’histoire militaire », dossier « Le cheval dans la Grande Armée » par Jean-François Brun, p. 38-74.

 

 

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