Une figurine en plomb du XXe siècle présentée dans les Cabinets insolites du musée de l’Armée reprend la lithographie de Draner © Paris, musée de l’Armée Dist. RMN-GP / image musée de l’Armée.
Description de l’Égypte. Des images montrent des rois égyptiens de l’Antiquité chassant l’autruche à l’arc. Les œufs de cet oiseau rapide – 65 km/h – réputés pour leurs vertus médicinales, sont employés pour soigner les plaies ouvertes ou les fractures du crâne. Par ailleurs, la graisse d’autruche a un effet calmant sur les douleurs musculaires et arthritiques. Mais ce sont surtout ses plumes qui sont convoitées et se vendent à prix d’or. La plume d’autruche est l’attribut de plusieurs divinités égyptiennes et plus particulièrement celui de la déesse Maât, garante de l’ordre et de l’équilibre aussi bien cosmique que terrestre. Dans la pesée de l’âme, Maât, aussi légère qu’une plume, est le contrepoids du cœur qui doit être aussi léger qu’elle pour que le ka, l’âme du défunt, puisse accéder au monde des bienheureux. Ces plumes ornent aussi la tête du pharaon ou celle des chevaux qui tirent son char de guerre © Paris, musée de l’Armée.
L’autruche
Une monture de guerre ?
L’autruche, une redoutable monture de guerre ? Hélas pour le pauvre fantassin français de la campagne d’Égypte qui se traîne pieds nus dans le sable et qui voudrait lui aussi, comme le fier méhariste – le chameau d’Arabie est appelé mehari dans les textes anciens – chevaucher dans le désert sur son dromadaire ce n’est qu’un rêve. Il n’y a aucune trace de domestication d’autruche de combat dans les annales de la guerre, toutes époques confondues.
L’autruche est pourtant abondamment citée dans les analyses militaires à travers l’expression imagée mais fausse de la « politique de l’autruche ». Il semble que ce soit l’auteur latin, Pline l’Ancien (23-79 ap. J.-C.), qui l’emploie pour la première fois. Pensant à tort que cet animal est stupide puisqu’il cache sa tête dans le sable pour ne pas voir un danger. Il l’utilise pour qualifier un ou plusieurs individus qui détournent sciemment les yeux d’un danger, au lieu d’y réagir, il s’y réfère pour ne pas l’affronter, au risque d’être pris au dépourvu. Cette locution a souvent été utilisée à travers les siècles pour dénoncer les pays ou les hommes politiques qui refusent de prendre en compte les facteurs ou signes avant-coureurs d’un conflit militaire.
Sans pouvoir préjuger de la justesse de cette expression, il faut néanmoins préciser qu’elle est issue d’une observation erronée. En effet, l’autruche est loin d’être stupide. Au contraire, elle sait très bien utiliser son potentiel physique pour se protéger, mettant à profit sa redoutable vitesse de pointe pour s’éloigner d’un danger dès qu’il se présente.
L’autruche a non seulement un excellent instinct de préservation, mais elle peut même être considérée comme un bon stratège militaire puisqu’elle fut le vainqueur de la première guerre inter-espèce opposant l’Homme et l’animal. En 1932, l’armée australienne lança l’« emeu war » qui avait pour but de chasser ou d’éliminer les émeus – l’autruche australienne – qui peuplaient des territoires destinés à être cultivés par des vétérans de la Première Guerre mondiale. Malgré l’emploi de plusieurs mitrailleuses, cette « guerre » dura plusieurs mois et ne connut pas d’issue victorieuse pour les Hommes, puisque seule la construction de clôtures, et non les balles, permit de contrer l’invasion des oiseaux.
Pour en savoir plus : « Face aux féroces guerriers à plume » in Courrier international publié à l’origine dans le Scientific American – New York, février 2015.
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