LA RÉSURRECTION D’UNE ARME
Les dagues dites « suisses », portées du XIIIe au XVIe siècle comme arme de défense, outil de chasse ou élément décoratif du costume civil, se caractérisent par leur silhouette très spécifique. Celle-ci a été copiée, quasiment à l’identique, pour réaliser la dague modèle 1933, arme d’apparat distribuée par le parti nazi aux membres de ses formations paramilitaires, notamment la SA (Sturmabteilung, « section d’assaut») et la SS (Schutzstaffel, « escadron de protection ») jusqu’en 1942.
UN DOUBLE HERITAGE
Le remploi et l’agrégation de références historiques, culturelles, politiques ou esthétiques contribuent de façon déterminante à la construction de l’image et de l’identité du parti nazi. Ce processus affecte des éléments symboliques, comme la svastika, mais aussi des objets à proprement parler, particulièrement des armes, choisies pour leur connotation martiale, mais aussi parce que leur port suggère le droit pour leur détenteur d’exercer la violence.
La dague, adoptée en décembre 1933 par le parti nazi, évoque les poignards de tranchée emblématiques des « corps francs », formations paramilitaires constituées de vétérans allemands de la Première Guerre mondiale, dont la SA revendique l’héritage. Toutefois, la reprise à l’identique du dessin d’une arme du XVIe siècle, témoigne de la recherche de références plus anciennes, sans qu’on puisse déterminer si ce choix est exclusivement esthétique, ou s’il renvoie au caractère supposé germanique de l’objet original, sans fondement historique réel.
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