La bataille de Verdun commence par une préparation d’artillerie sans précédent qui annonce des opérations plus importantes encore sur la Somme et au Chemin des Dames. Le haut commandement allemand escompte alors que ce Trommelfeuer, ce feu roulant d’explosifs et d’acier, suffira à détruire les lignes françaises et que l’infanterie n’aura plus qu’à occuper le terrain ainsi conquis par l’artillerie.
Cet effroyable déluge d’un million d’obus de gros calibre bouleverse les paysages et les tranchées, transformant le champ de bataille en un territoire lunaire, constellé de trous d’obus, dans lesquels se terrent de rares survivants qui opposent pourtant une résistance désespérée et héroïque. Cette configuration du terrain se retrouve durant les dix mois de cette bataille où les multiples attaques et contre-attaques se déroulent pour les troupes en présence avec le soutien de leur artillerie – les « préparations » – ou sous le feu de celle de l’ennemi – les « barrages ». Jusqu’au début de la bataille de la Somme, qui provoque le retrait d’une partie des forces, l’artillerie lourde allemande est largement supérieure en nombre et en puissance de feu, ce qui contraint les artilleurs français à solliciter beaucoup leurs pièces, prématurément usées.
Les lieux majeurs des combats sont eux aussi liés à l’artillerie : on se bat pour conquérir les forts mais aussi et surtout les hauteurs, qu’elles soient surmontées d’un ouvrage ou non, afin de disposer d’observatoires permettant de guider les tirs. L’artillerie, qui provoque environ 80 % des pertes, est enfin le moyen privilégié utilisé pour la propagation des gaz de combats.
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