L’arc de triomphe de l’Étoile
Le 14 juillet 1915, sous l’arc de triomphe de l’Étoile, le cercueil de Rouget de Lisle est déplacé du fourgon automobile vers une prolonge d’artillerie. Cette dernière est composée d’un affût d’artillerie, sur lequel on dépose le cercueil drapé d’une courtine de velours rouge frangée d’or. L’affût est prolongé à l’avant par un avant-train – ici un caisson d’artillerie – présentant quatorze drapeaux tricolores placés en éventail. L’affût et le caisson sont attelés à six chevaux.
Pendant ce temps, au pied de La Marseillaise de Rude, des musiciens de la Garde républicaine interprètent l’hymne national. La photographie ci-dessus montre que la majorité d’entre-eux jouent d’un instrument à vent. Placée sur une estrade, à droite des musiciens, Marie Delna chante le premier couplet de l’hymne. Le refrain est ensuite entonné par les chœurs de l’Opéra de Paris, de l’Opéra-Comique et du Conservatoire. Puis Henri Albers chante le deuxième couplet. Les chanteurs chantent ainsi à tour de rôle les couplets de l’hymne. Un des musiciens regarde vers le ciel, le bruit des avions le perturbe-t-il ?
À 10h00, le cortège descend les Champs-Élysées pour se rendre dans la cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides. Le Président de la République, Raymond Poincaré et 15 des membres du gouvernement suivent le cercueil.
Devant l’église des soldats – aujourd’hui cathédrale Saint-Louis-des-Invalides – après avoir à nouveau
écouté La Marseillaise, Poincaré prononce un discours qui est publié dès le lendemain à la Une de nombreux journaux. Il y fait un rapprochement entre le contexte de la création de La Marseillaise en 1792 et celui de juillet 1915, puis réafirme l’union sacrée nécessaire pour vaincre l’Allemagne.
Le gouvernement commande à Felix Bouchor un tableau commémoratif de la translation des cendres de Rouget de Lisle. Ce dernier s’inspire d’une photographie en ajoutant Le Génie de la Guerre de Rude au dessus de Poincaré. L’œuvre est exposée au musée du Luxembourg en février 1916.
Témoignage en couleur
Le peintre Lionel Noël Royer (1852-1926) a réalisé, en juillet 1915, l’un des rares témoignages contemporains de la cérémonie. Il dédie son œuvre à Louis Fiaux (1847-1936), rédacteur de La Marseillaise, son histoire dans l’histoire des Français depuis 1792, publié en 1918.
L’artiste choisit une représentation de la scène en contre-plongée pour en donner une vision d’ensemble. Il s’est peut-être inspiré des photographies aériennes prises pendant la cérémonie. L’un des avions en mission de surveillance survole l’arc de triomphe de l’Étoile. La foule entoure le monument sur lequel La Marseillaise de Rude est bien visible. Au second plan, à gauche, figurent des cuirassiers en mouvement, dont l’un porte le drapeau tricolore. Le char funéraire forme une diagonale opposée à l’arc de cercle des cavaliers. Il est entouré de soldats portant l’uniforme de 1914 : pantalon et képi rouge, capote bleu foncé. Le cortège qui suit le char est de couleur bleu foncé également, alors qu’en réalité la plupart des officiels qui le composaient étaient vêtus de noir. Au premier plan une foule de civils, dont les hommes sont reconnaissables à leur canotier, répond au geste enthousiaste de deux soldats brandissant leur coiffure. Plusieurs militaires portent un bras en écharpe.
En réalité, à droite de l’arc de triomphe se tenaient des dragons et des chasseurs placés en demi-cercle. À gauche il y avait des cuirassiers. Le général Galopin, commandant de la place de Paris, et son état-major, se tenaient à cheval entre ces deux groupes.
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