Décembre 1917 : sur les pavés de la cour d’honneur des Invalides, des civils et des militaires montent à bord de la nacelle avant du zeppelin allemand LZ.49, capturé quelques semaines plus tôt, pour y souscrire au troisième emprunt de la Défense nationale, lancé en novembre 1917.
La présentation publique de cette nacelle répond à plusieurs objectifs : elle permet de montrer que l’ennemi peut être vaincu ; elle fournit l’occasion de mobiliser les forces et les moyens de l’arrière ; elle satisfait enfin la curiosité de la population pour ces engins de guerre dont l’action effraie, mais dont la technique fascine.
Le programme allemand : faire peur a Paris
La légende allemande de cette carte postale satirique est explicite : « Ô mon Dieu, cela cogne et pète tant/ Que tout Paris en fait dans sa culotte ». On distingue, juste en-dessous du zeppelin, le faisceau du projecteur installé en haut de la tour Eiffel pour aider au repérage de ces engins volants. Derrière le dirigeable, un avion vient de larguer une bombe.
Une belle prise
On appelle zeppelin un type de dirigeable rigide fabriqué à partir du XIXe siècle par la compagnie du comte Ferdinand von Zeppelin (1838-1917) et utilisé par l’armée allemande pour des missions de reconnaissance et de bombardement. Le L-49 ou LZ.49, pour Luftschiff (aéronef) Zeppelin modèle 49, fait partie des High Climbers, des « grimpeurs », plus légers que les modèles précédents : il atteint une vitesse de croisière de 113 km/h et peut monter jusqu’à plus de 6 000 m d’altitude, avec deux tonnes de bombes.
Ce LZ.49, revenant d’une mission de bombardement sur l’Angleterre le 19 octobre 1917, avec onze autres dirigeables, s’égare en raison du mauvais temps. Pris en chasse par des avions français, il est contraint à se poser à proximité de Bourbonne-les-Bains, en Lorraine. Il s’agit d’un des rares zeppelins capturé en bon état : ingénieurs français et américains se précipitent pour l’étudier. Il est ensuite démonté pour être présenté aux Invalides.
Financer la guerre
La première guerre mondiale, beaucoup plus longue et destructrice que prévue, est extrêmement coûteuse. Les prêts de la Banque de France, des banques britanniques ou américaines, ainsi que l’augmentation de la masse monétaire ne suffisent pas à la financer. Aussi l’État lance-t-il quatre grands emprunts successifs (un chaque année, entre 1915 et 1918). Les salles du musée de l’Armée sur la Grande Guerre comportent des reproductions des affiches publicitaires annonçant ces emprunts, dont celui de 1917 (cf. site internet du musée : www.musee-armee.fr > collections > documentation en ligne).
Une bombe de zeppelin est également exposée dans ces espaces.
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